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Suivez mon année à l'Université d'Edimbourg et mes déambulations autour de l'Ecosse.

07 May

General Elections 2015

Publié par Amélie  - Catégories :  #Politique

Photo prise du London Eye pendant un petit séjour en 2012

Photo prise du London Eye pendant un petit séjour en 2012

Good afternoon Ladies and Gentlemen,

It is now time to cast your vote for the General Elections, 'don't lose it, use it'!

Bon c'est un peu la course contre la montre puisque les élections générales se tiennent aujourd'hui au Royaume-Uni et j'ai tout de même décidé de vous en tenir un peu informés avant les résultats ce soir. Cet article sera loin d'être exhaustif j'en ai bien peur et j'espère pas trop mal écrit. Je m'excuse d'avance si je fais quelques erreurs, n'ayant pas suivi toute la campagne de très près (je vais pas vous balancer des conneries mais je suis susceptible d'ignorer un ou plusieurs enjeux). Il s'agit donc plus d'une brève mise en bouche des principaux mécanismes et enjeux.

What are we voting for?

General Elections

Les élections générales au Royaume-Uni permettent d'élire le Parlement, ou plus exactement la House of Commons (chambre des communes, la chambre basse), puisque la House of Lords (chambre des Lords, la chambre haute) est héréditaire. Dans tout le Royaume-Uni, les parlementaires se présentent devant les électeurs. C'est donc l'équivalent des élections législatives en France.

Toutefois, comme c'est un système parlementaire, ces élections choisissent également le futur Premier Ministre britannique, la fonction politique la plus haute du pays. Ce sont donc les élections les plus importantes, contrairement aux élections législatives françaises.

Contrairement aux élections présidentielles, on ne vote pas directement pour le Premier Ministre qu'on souhaite voir élu. On vote pour le candidat de notre circonscription dont on souhaite voir le parti gouverner. C'est ensuite le leader du parti ayant obtenu une majorité de votes qui peut former un gouvernement.

First-past-the-post system

Le système électoral est légèrement différent de celui adopté en France dans la plupart des élections. On l'appelle le First-past-the-post system, littéralement, le premier qui passe le poteau (a gagné). Ceci signifie que le parti arrivé en tête gagne l'élection, quel que soit le résultat obtenu par les autres partis : il n'y a qu'un seul tour. Donc n'attendez pas le battle droite-gauche la semaine prochaine, tout de passe maintenant !

Dans chaque circonscription, le candidat arrivé en tête est élu au Parlement. Plus il y a de candidats d'un même parti élus, plus ils remportent de sièges au Parlement et plus le parti a de chance de gouverner. Ceci signifie également que le pourcentage global obtenu par un parti dans tout le Royaume-Uni ne correspond pas forcément au nombre de sièges obtenus au Parlement. Par exemple, un petit parti peut obtenir 15% des voix dans toutes les circonscriptions mais n'être en tête dans aucune circonscription : 15% des électeurs auront voté pour lui mais il n'aura aucune représentation au Parlement.

Ce qu'il faut retenir c'est qu'il s'agit d'un système qui tend à favoriser les grands partis en général, d'où la tendance au bipartisme dans l'histoire britannique. Cette tendance s'inverse toutefois ces dernières années.

De gauche à droite : Leanne Wood (Plaid Cymru), Nigel Farage (UKIP), Nicola Sturgeon (SNP), David Cameron (Conservatives), Natalie Bennett (Green Party), Nick Clegg (Lib Dems), Ed Miliband (Labour)

De gauche à droite : Leanne Wood (Plaid Cymru), Nigel Farage (UKIP), Nicola Sturgeon (SNP), David Cameron (Conservatives), Natalie Bennett (Green Party), Nick Clegg (Lib Dems), Ed Miliband (Labour)

Who are we voting for? Les principaux candidats

Conservative Party : David Cameron

Le Conservative Party au Royaume-Uni est le plus grand parti de droite. L'équivalent de l'UMP. C'est le parti majoritaire du gouvernement sortant. Ils gouvernaient en coalition avec les Lib Dems depuis les élections de 2010. Le Premier Ministre était donc David Cameron et c'est également le candidat pour ces élections.

Ce qu'il faut retenir de sa politique : une politique d'austérité avec un bilan soit jugé positif par une croissance repartie et une économie qui fonctionne relativement, soit très critiqué pour les coupes budgétaires dans la majorité des services publiques, en particulier la santé et l'éducation.

Liberal Democrats : Nick Clegg

Les Liberal Democrats (Lib Dems) sont un parti de centre droit, en particulier depuis la coalition avec le Conservative Party. Ils se rapprochent du Modem avec un peu plus de popularité. ;) Leur leader, Nick Clegg, est un homme politique très charismatique et numéro deux du gouvernement depuis 2010. Il se représente également.

Ce qu'il faut retenir de leur politique : en minorité au gouvernement, ils ont eu du mal à imposer leur politique aux conservateurs. Ils ont soutenu les politiques d'austérité et ont en particulier laissé les conservateurs augmenté les tuition fees (frais d'université), allant à l'encontre de leurs promesses électorales. Une décision qui leur vaut une chute de popularité énorme pour ces élections. Ils sont également un des rares partis britanniques pro-européen et ont souffert de la rhétorique europhobe de David Cameron. Une deuxième coalition est ainsi difficile à envisager car Cameron a promis un référendum sur la sortie de l'Union Européenne en 2017 s'il est réélu.

Labour Party : Ed Miliband

Le Labour Party est le plus gros parti de gauche du Royaume-Uni, l'équivalent du PS. Ils ont gouverné entre 1997 et 2007 sous Tony Blair puis entre 2007 et 2010 sous Gordon Brown. Tony Blair a transformé le parti en le rendant plus social-démocrate voire libéral-démocrate que socialiste. Il n'a pas remis en cause fondamentalement la politique néo-libérale de Margaret Thatcher et a été le premier à introduire les tuition fees (frais d'université). Ed Miliband prend de la distance dans sa rhétorique avec le bilan controversé de Tony Blair et a réintroduit un discours pro-working-class mais il s'inscrit tout de même dans la lignée social-démocrate. C'est le principal concurrent à David Cameron.

Ce qu'il faut retenir de ses propositions : Il ne souhaite pas remettre en cause fondamentalement les politiques d'austérité. Il a promis de réinjecter de l'argent dans le NHS (la sécurité sociale) et d'assurer une meilleure protection des classes populaires.

Green Party : Natalie Bennett

Le Green Party ressemble relativement au parti Ecologie-Les Verts en France. Même si ses politiques attirent, surtout chez les jeunes, il a peu de chance d'obtenir beaucoup de sièges, défavorisé par le système électoral. Il est d'autant plus pénalisé par le "vote utile" qui consiste à voter Labour pour être sûr de ne pas avoir les Tories (autre nom des conservateurs) au gouvernement.

Ce qu'il faut retenir de leurs propositions : En plus de leurs politiques environnementales, ils proposent une véritable alternative cohérente mais ambitieuse aux politiques d'austérité et aux théories classiques du capitalisme.

SNP : Nicola Sturgeon

Le SNP est le Scottish National Party, le parti nationaliste écossais. C'est le parti actuel du gouvernement décentralisé en Ecosse et l'initiateur du référendum sur l'indépendance de l'Ecosse en septembre dernier. Le très charismatique Alex Salmond, leader pendant la campagne sur l'indépendance a laissé place à une toute aussi charismatique Nicola Sturgeon, Première Ministre écossaise et leader du SNP. Elle a fait ses preuves lors du débat de la BBC sur les élections. Loin d'avoir été un échec pour le SNP, le référendum a vu leur popularité et adhésions se multiplier. Les sondages donnent le SNP gagnant dans la quasi-totalité de l'Ecosse, ce qui en ferait un acteur de poids au Parlement.

Ce qu'il faut retenir de leurs propositions : Contrairement à la vision classique du nationalisme, le SNP est un parti situé à gauche de l'échiquier politique. Ils sont anti-austérité et rejoignent le Green Party sur beaucoup de sujets même s'ils se situent moins à gauche tout de même. Ils assument une préférence nationale pour l'Ecosse et même s'ils se défendent de vouloir créer un lobby pro-indépendance à Westminster (le Parlement), ils sont loin d'avoir abandonné l'idée.

Particularité : Ils sont présents uniquement en Ecosse. Ils auront donc au maximum 59 sièges sur 650.

Plaid Cymru : Leanne Wood

Le Plaid Cymru (n'essayez pas de prononcer, c'est pas la peine) est le parti nationaliste gallois. Il présente les mêmes caractéristiques générales que le SNP. Il est toutefois moins populaire aux Pays de Galles que le SNP en Ecosse.

Ce qu'il faut retenir de leurs propositions : Ils ont un programme très similaire au SNP, anti-austérité, plus à gauche du Labour Party et qui assume une préférence nationale pour les Pays de Galles.

Particularité : Ils sont présents uniquement aux Pays de Galles. Ils auront donc au maximum 40 sièges sur 650.

UKIP : Nigel Farage

UKIP signifie UK Independence Party. C'est un parti d'extrême droite créé en 1993 à la suite de la signature du Traité de Maastricht qui a pour principal objectif le retrait du Royaume-Uni de l'Union Européenne. Son leader, Nigel Farage, est un sérieux adepte de la polémique et du dérapage. Le parti est avant tout anglais est a peu de succès dans le reste du Royaume-Uni.

Ce qu'il faut retenir de ses propositions : En plus de la sortie de l'UE, UKIP a développé d'autres thématiques au fil des années. Il propose la fermeture des frontières contre l'immigration et la réinjection de l'argent tiré de la sortie de l'UE dans le NHS (sécurité sociale). Toutefois, sa priorité reste la question européenne et il s'est dit prêt à coopérer avec Ed Miliband s'il obtient en échange un référendum sur la sortie de l'UE.

La subtile campagne contre le Labour Party des Conservatives : Ed Miliband (Labour) dans la poche de l'ancien leader du SNP Alex Salmond. Sous-entendu : voter Labour, c'est voter SNP. Elle a donné lieu à des reprises innombrables sur internet.

La subtile campagne contre le Labour Party des Conservatives : Ed Miliband (Labour) dans la poche de l'ancien leader du SNP Alex Salmond. Sous-entendu : voter Labour, c'est voter SNP. Elle a donné lieu à des reprises innombrables sur internet.

What is at stake? Quels sont les enjeux ?

Main issues

Cette liste est non-exhaustive mais j'essaye de présenter les principaux sujets discutés dans la campagne :

  • ​NHS : La sécurité sociale britannique a beaucoup souffert des coupes budgétaires réalisées sous le gouvernement Cameron. Elle est aussi mise en danger, pour les détracteurs de la politique de Cameron, par la semi-privatisation encouragée par le gouvernement. La quasi-totalité des candidats proposent plus d'argent pour le NHS à des degrés différents et de manière différente.
    (Pour en avoir fait les FRAIS, je suis bien d'accord que ce soit le principal enjeu!)
  • Tuition fees : Pour les étudiants au moins, les frais d'inscriptions à l'université sont un des gros enjeux des élections. Cameron et les Lib Dems les ont augmenté, Ed Miliband propose simplement de les baisser ) £4,000 au lieu de £9,000, les Verts proposent de les supprimer.
  • 0-hour contract : Un gros enjeu pour la jeunesse, ce contrat permet d'employer sans indication de durée de travail fixe. Résultat de la politique de flexibilité de Cameron, il crée une grande précarité notamment chez les jeunes et cache de grandes difficultés derrière des chiffres du chômage enviés. La plupart des partis d'opposition proposent de le supprimer.
  • Trident : C'est le programme nucléaire du Royaume-Uni qui prévoit de renforcer l'armement nucléaire de l'armée britannique. Cameron et Miliband sont d'accord pour le garder. Les verts souhaitent supprimer l'armement nucléaire et il me semble que le SNP souhaite garder l'armement mais pas le renforcer.
  • EU membership : le Conservative Party et UKIP souhaite un référendum pour ou contre le retrait du Royaume-Uni de l'Union Européenne
  • Immigration : je détaille pas ici, mais en gros UKIP veut fermer les frontières, Cameron et Labour sont plutôt pour un contrôle fort aux frontières, SNP pour un contrôle raisonnable et les verts sont plutôt optimiste sur l'immigration.
  • Minimum wage (salaire minimum), Housing (conservateurs pour continuer la privatisation des logements sociaux, Labour moitié privé moitié public, Verts, SNP, Plaid Cymru pour créer plus de logements sociaux)

Voilà un bref résumé des principaux sujets de la campagne, mais le plus important reste à venir.

Hung Parliament : what will the government look like?

Les élections qui ont lieu aujourd'hui sont considérées comme historiquement incertaines. Conservatives et Labour se talonnent dans les sondages et le succès du SNP dans ces derniers rend la situation encore plus compliqué.

Il y a donc la possibilité d'avoir un hung Parliament, littéralement un "parlement pendu". Ceci signifie qu'aucun parti n'obtient une majorité absolue des sièges et qu'une coalition doit être formée, comme en 2010. L'ennui c'est que jusqu'à maintenant, personne n'a vraiment envie de s'allier avec personne.

Si les conservateurs ont une majorité relative, ils ont globalement le choix entre une coalition avec les Lib Dems et UKIP en fonction des résultats. Toutefois, il est possible que les Lib Dems soient très peu enclins à former de nouveau un gouvernement de coalition dans lequel ils ont peu leur mot à dire. Et surtout, c'est pas sûr qu'ils aient de toute façon un nombre de sièges suffisant. Une coalition entre les Conservateurs et UKIP semble très improbable étant donnée la ligne populiste de Nigel Farage, mais il est possible que David Cameron n'ait pas beaucoup d'autre choix. La question est donc de savoir s'il préférera ne pas former de gouvernement ou s'allier avec UKIP.

Si le Labour a une majorité relative, la situation est encore plus compliquée, surtout si la force minoritaire principale est le SNP. Ed Miliband a formellement promis qu'en aucun cas il formerait une alliance avec le SNP, qu'il considère comme une menace pour l'intégrité du Royaume-Uni. Sa stratégie étant d'appeler au vote utile avant les élections pour obtenir une majorité absolue au Labour. Mais aura-t-il le choix ? Il pourrait gouverner avec les verts ou les Lib Dems mais ce n'est pas sûr qu'aucun des deux partis acceptent et encore moins ensemble. Les verts avec leur programme alternatif sont très loin des idées des Libs Dems et auraient peu de poids face à deux partis favorables à l'austérité pour imposer une politique plus à gauche. Il n'est même pas sûr non plus que les trois partis forment une majorité absolue en s'alliant en fonction des résultats.

Donc quand je vous dis que c'est incertain, on ne saura peut-être pas le nom du Premier Ministre avant quelques jours et les négociations pourraient durer un peu de temps.

Towards an independent Scotland?

Comme je l'ai déjà abordé, le SNP est en position de force à la fois en tant que parti de gouvernement (écossais), mobilisation de ses membres et résultats dans les sondages. Si ils remportent la majorité des sièges écossais, ils auront de toute manière leur mot à dire au Parlement, quel que soit le Premier Ministre et quelle que soit leur participation.

Ceci a des conséquences importantes sur la question de l'indépendance de l'Ecosse :

  • Si Cameron est réélu, il est probable que l'Ecosse, où le Conservative Party est absent depuis la fin des années 80, se sente de moins en moins représentée au sein du Royaume-Uni et de plus en plus aliénée. Le SNP n'hésitera pas à tabler sur l'impopularité des conservateurs, et il est également possible qu'ils cherchent à se rendre impopulaires auprès de l'Angleterre, auquel cas celle-ci se révélerait plus favorable à l'indépendance de l'Ecosse dans un futur référendum. Une stratégie qui peut consister par exemple à demander de plus en plus d'argent pour l'Ecosse, justifiant l'argument anglais selon lequel l'Ecosse ait de toute manière une plaie pour le Royaume-Uni.
  • Si le Labour est élu, le SNP sera dans tous les cas dans une position favorable pour faire avancer la question de l'indépendance. S'il participe au gouvernement il aura son mot à dire dans les questions écossaises et argumentera pour plus de dévolution, plus d'argent aussi et pourra acroître sa popularité en Ecosse. S'il ne participe pas au gouvernement, il pourra à nouveau argumenter pour une sous-représentation de l'Ecosse et la trahison du Labour du vote des Ecossais. Sachant que les élections ici se jouent entre SNP et Labour depuis un moment, la non-alliance avec le SNP pourrait faire baisser la popularité du Scottish Labour et si le gouvernement s'avère impopulaire au bout de 5 ans, le SNP en récoltera également les graines.
  • Toutefois, le SNP devra jouer avec des pincettes car il fera l'objet de fortes oppositions qui n'hésiteront pas à l'enfermer dans un rôle de lobby et à alimenter les médias en théories du complot. Pas facile de se faire aimer des écossais et détester dans anglais en même temps, la stratégie peut s'avérer dangereuse.

Conclusion

Je pense que vous avez maintenant compris pourquoi ces élections sont plus qu'incertaines et tout à fait intéressantes. Les conséquences à court terme cachent mal les enjeux de long terme qui concernent l'avenir de l'Ecosse, du Royaume-Uni, du Royaume-Uni dans l'UE et donc de l'Europe toute entière.

Alors ne perdez pas de vue les résultats, les médias français sont généralement de bons commentateurs de la politique britannique (pas étonnant vu le nombre d'expats français ici) quand ils ne tombent pas dans les clichés des relations franco-anglaises.

Allez moi je vais réviser un peu les prémisses de tout ce système avant de passer la soirée/nuit devant les résultats !

A bientôt sur Scotland Spotting !

PS : désolée pour les fautes s'il y en a !

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